En Catalogne, les anti-indépendance sont divisés
Les sécessionnistes restent en avance dans les sondages en vue des élections catalanes du 21 décembre.
Il n’y avait pas un seul drapeau indépendantiste pour protester contre la visite de Mariano Rajoy, dans le centre de Barcelone, mercredi 22 novembre, à l’occasion de la traditionnelle remise des prix du patronat catalan. Près d’un mois après la mise sous tutelle de la Catalogne par Madrid, décrétée le 27 octobre à la suite de la déclaration d’indépendance votée au parlement régional, le calme semble être revenu à Barcelone.
Le chef du gouvernement entend participer activement à la campagne pour les élections catalanes du 21 décembre, dont le coup d’envoi officiel sera donné le 5 décembre, même si le Parti populaire (PP, droite) est donné dernier, avec moins de 6 % des voix. Même s’il sait que les partis anti-indépendantistes sont profondément divisés et en retard dans les sondages.
Pour mobiliser les troupes, le premier ministre conservateur fera de l’économie, qui a souffert des conséquences de l’instabilité politique, le cœur de son discours. « Nous avons rétabli la normalité et nous sommes décidés à la rendre aussi à la vie économique », assure-t-il ce soir-là devant le gratin du monde de l’entreprise catalan. Près de 2 500 sociétés catalanes ont déménagé leur siège depuis le référendum illégal du 1er octobre.
Cela suffira-t-il à infléchir les sondages qui continuent à donner la victoire aux indépendantistes, avec un résultat plus ou moins identique à celui de 2015 (47 % des voix pour les partis sécessionnistes) ? Les dernières enquêtes d’opinion laissent peu d’espoir aux partis « constitutionnalistes » – les libéraux de Ciudadanos, le Parti socialiste catalan (PSC) et le Parti populaire – de pouvoir former un gouvernement. Le front qu’il pourrait constituer est miné par les divergences.
Ciudadanos compte sur « la démobilisation des séparatistes, qui se sentent trahis par la fuite de leur président »
Le parti libéral et antinationaliste Ciudadanos, qui réclamait bien avant le PP la mise sous tutelle de la région, est donné en tête des partis non indépendantistes et compte sur « la démobilisation des séparatistes, qui se sentent trahis par la fuite de leur président [Carles Puigdemont parti en Belgique] », explique Carlos Carrizosa, porte-parole de Ciudadanos. Mais surtout sur la mobilisation des non-nationalistes « qui se sentaient traditionnellement peu concernés par les élections régionales mais votaient pour les législatives espagnoles et donnaient toujours la victoire à des partis non nationalistes… » Les sondages prévoient effectivement une participation exceptionnelle qui pourrait dépasser les 80 %.
Cependant, même en cas de majorité du bloc « espagnoliste », le soutien des socialistes catalans (PSC) à la candidate de Ciudadanos pour la présidence de la région, Inès Arrimadas, est loin d’être acquis. Le secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sanchez, a été clair, jeudi 23 novembre : « Ciudadanos est l’âme sœur du PP. Nous ne soutiendrons ni les indépendantistes ni la droite. »
« Nous ne sommes pas d’accord avec la logique de blocs et d’affrontement. Nous ne sommes en faveur ni de la rupture ni de l’immobilisme. Nous voulons construire des ponts, explique la numéro deux du PSC et maire de la commune ouvrière de L’Hospitalet de Llobregat, Nuria Marin. Notre solution est une réforme fédérale de l’Espagne. »
Le chef de file du PSC, Miquel Iceta, très critique envers les indépendantistes, n’hésite pas non plus à reprocher au PP « de n’avoir ouvert aucune porte » pour résoudre la crise politique. Le PSC opte plutôt pour la pêche aux voix des déçus du processus sécessionniste. Pour cela, ce parti traditionnellement catalaniste, modéré et pragmatique, s’est allié avec une formation nationaliste non indépendantiste, Unis pour avancer, et a placé Ramon Espadaler, l’ancien ministre catalan de l’intérieur, de Convergence et Union (CiU), entre 2012 et 2015, en troisième position sur ses listes.
Rajoy s’est voulu rassembleur
Ex-membre de l’Union démocrate de Catalogne, formation qui a rompu la coalition CiU après le virage sécessionniste de son ancien mentor Artur Mas, M. Espadaler est convaincu que « les Catalans se sont rendu compte des risques de la rupture ». Mais il assure aussi « qu’une partie des citoyens pensent que la faute de tout cela revient au PP et à Mariano Rajoy ». « Nous voulons représenter un catalanisme centriste, dont l’objectif est de changer le cadre des relations avec l’Espagne, mais par le dialogue et dans le respect des institutions et de la légalité, et de soigner la fracture et la crispation sociale actuelle », assure-t-il.
Mercredi, Mariano Rajoy s’est voulu rassembleur : « Après les élections, quoi que disent les urnes, je resterai le chef du gouvernement pour tous. Et avec tous, je parlerai. Mais j’exigerai de tous qu’ils respectent la loi et la constitution. »
Dans la rue, loin de ces positionnements tactiques, les seuls signes extérieurs de la grave crise politique vécue ces dernières semaines sont les rubans jaunes que quelques passants arborent sur leur manteau en solidarité avec les dirigeants indépendantistes placés en détention préventive pour « rébellion, sédition et détournement de fonds ».
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